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RDC : Fake news, l'arme des petits escrocs qui tentent de faire chanter le pouvoir

Le tweet du compte "BreakingN_RDC" accusant Patrick Muyaya de détournement est une fake news sans fondement. Derrière cette publication se cache une vieille méthode de pression politique : publier de fausses accusations dans l’espoir d’être payé pour se taire. Analyse d’un cas typique de manipulation opportuniste.

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Fake News à l'encontre de Patrick Muyaya

Fake News à l'encontre de Patrick Muyaya

Une attaque sans fondement, une mécanique bien connue

Le 28 juillet, un tweet publié par le compte "BreakingNewsRDC", accuse le ministre Patrick Muyaya et le secrétaire général Malaba Mudjani d’avoir détourné 2,4 millions de dollars de primes au sein du ministère de la Communication et Médias. Rien ne vient étayer cette affirmation. Aucun document. Aucune preuve. Aucun travail de vérification. Rien qu’un montant isolé, un nom de fonctionnaire, et une tentative de faire du bruit dans le vide.

Le tweet n’a d’ailleurs pas circulé au-delà de quelques sphères. Mais il mérite d’être disséqué, non pas pour sa portée, mais pour ce qu’il incarne : un modèle d’attaque récurrent au Congo, bâti non sur des faits, mais sur des attentes.

Une vieille méthode recyclée

Le compte @BreakingN_RDC n’est pas un inconnu : il s’agit d’une réinvention de @TshitshiNews, actif il y a quatre ans et connu alors pour son soutien enthousiaste à Félix Tshisekedi. Ce revirement brutal, de la flatterie à l’accusation, n’est pas une évolution politique. C’est un signal tarifaire.

Dans l’écosystème congolais, il existe une pratique officieuse mais banalisée : publier une fausse information dans l’espoir de déclencher une réaction du pouvoir. Certains opérateurs numériques jouent ce jeu à répétition : fabriquer le mensonge, attendre un appel, puis négocier leur silence.

Quand la manipulation cherche l’argent et touche l’illégalité

Il est important de rappeler que ce type de pratique, diffuser une fausse accusation dans l’espoir d’obtenir un bénéfice en échange d’un retrait ou d’un changement de ton, relève de l’extorsion. C’est une infraction pénale, et non un simple jeu numérique.

Le gouvernement congolais actuel n’a d'ailleurs jamais cédé à ce type de pression. Il n’a ni payé, ni négocié, ni même répondu à ceux qui utilisent la menace numérique comme levier d’intérêt personnel. Et surtout, il dispose aujourd’hui des moyens techniques nécessaires pour retrouver rapidement l’origine de ce genre de manœuvre, même sous pseudonyme.

Ce silence n’est donc pas un repli, c’est une ligne ferme : on ne traite pas avec ceux qui mentent pour monnayer leur influence.

Ce que révèle ce tweet

L’intérêt de cette affaire ne réside pas dans son contenu (faux), mais dans son origine. Elle illustre un phénomène plus large : l’existence de réseaux hybrides, à la frontière du militantisme et de la mendicité politique, qui utilisent les outils numériques non pour informer, mais pour marchander leur influence.

Et lorsque le pouvoir refuse de jouer le jeu, ces comptes mutent, changent d’ennemi, et recommencent ailleurs.