Rwanda : quand le cyclisme devient un instrument de soft power territorial
Alors que notre voisin rwandais organise sa cinquième édition du Rwandan Epic, une compétition de VTT qui attire 85 coureurs de 16 pays sur 350 kilomètres, une question légitime se pose : pourquoi ce petit pays investit-il autant dans le spectacle sportif destiné aux étrangers ?
Du 1er au 5 décembre, les collines rwandaises ont accueilli cette course qui traverse les lacs jumeaux Burera et Ruhondo, dominés par les cinq volcans du Nord. Un décor grandiose qui sert de vitrine internationale au régime de Kigali.
Une stratégie de communication bien rodée
Le témoignage du cycliste belge Simon Claes, représentant une équipe du Burundi, révèle l'efficacité de cette opération de charme : "On en a eu plein les yeux et plein les jambes. Les gens d'une gentillesse indescriptible nous encouragent partout."
Cette hospitalité orchestrée n'est pas anodine. Jacqueline Mukandayisenga, habitante de Burera, témoigne : "Quand cette course arrive ici, nous arrêtons tout pour voir les cyclistes." Un arrêt de travail qui interroge sur les priorités réelles du développement local.
Des infrastructures à géométrie variable
Paradoxalement, les habitants réclament des routes praticables. Marie José Dusabimana pose la question essentielle : "Nous avons vu des routes se construire ailleurs dans des endroits avec des terrains aussi accidentés. Pourquoi pas ici ?"
Angélique Nyiransabimana confirme ce manque : "Si seulement nous avions une route praticable, ce serait encore mieux pour nous et pour le tourisme."
Le VTT, nouvelle vitrine internationale
Valentin Bigango, Vice-président de la Fédération rwandaise de cyclisme, assume cette ambition : "Le VTT n'était presque pas connu ici, mais il est en train de s'ancrer profondément. Notre territoire se prête parfaitement à cette discipline."
Cette stratégie s'inscrit dans la continuité de l'accueil des Championnats du monde UCI 2025, confirmant la volonté rwandaise de devenir une destination cycliste majeure en Afrique.
Sport et géopolitique régionale
Pendant que le Rwanda investit massivement dans ces événements sportifs internationaux, nos compatriotes de l'Est continuent de subir les conséquences des ingérences de Kigali. Cette course, aussi spectaculaire soit-elle, ne peut faire oublier les réalités géopolitiques de notre région.
Le Rwandan Epic illustre parfaitement comment le sport devient un instrument de soft power, permettant à Kigali de soigner son image internationale tout en détournant l'attention des vraies questions régionales.