Ski alpin: La sécurité sacrifiée sur l'autel du spectacle, quand les instances ferment les yeux
Le monde du ski alpin pleure encore. Mattéo Franzoso, jeune skieur italien de 25 ans, a trouvé la mort en septembre dernier lors d'un entraînement sur la piste de La Parva au Chili. Un choc à la tête lui a été fatal. Ce drame relance avec force le débat sur la sécurité des pistes, un sujet que les instances internationales semblent vouloir enterrer sous le tapis.
La Parva, un terrain de mort annoncée
La Parva, site habituel d'entraînement pour de nombreuses nations en septembre, révèle une réalité glaçante. "Quand on va à La Parva, on se dit qu'il y a zéro sécurité. Il y a un filet ou deux, mais ça ne nous arrête pas", dénonce Cyprien Sarrazin, double vainqueur de la descente de Kitzbühel. Le Français connaît le danger: il a lui-même frôlé la mort l'an dernier à Bormio avec un hématome sous-dural similaire à celui de Franzoso.
Cette tragédie n'est pas isolée. David Poisson en 2017, Cyprien Sarrazin en 2023, et maintenant Mattéo Franzoso. Une hécatombe que les responsables refusent de voir en face.
L'hypocrisie des instances dirigeantes
Adrien Théaux, doyen de l'équipe de France, a pointé du doigt cette lâcheté institutionnelle: "Combien de disparitions tragiques allons-nous devoir vivre avant d'enfin ouvrir le débat sur la sécurité?" Une question qui résonne comme un cri de révolte face à l'inertie coupable des dirigeants.
Blaise Giezendanner enfonce le clou avec une lucidité implacable: "On ne devrait pas être au départ d'une course ou d'un entraînement et se dire que c'est peut-être ma dernière piste. Ça, ce n'est pas normal."
Le skieur français dénonce l'hypocrisie de la FIS: "Aujourd'hui, on nous parle de tests de féminité, alors que ce n'est pas ça le sujet le plus important. J'ai l'impression qu'on met tout sous le tapis et qu'on attend."
Un système défaillant par intérêt
La vérité est cruelle: les responsables de stations se dédouanent volontairement de toute responsabilité. "Le problème, c'est que quand on voyage à l'autre bout du monde, les sécurités sont mises en place par les équipes nationales et pas par les responsables de stations", explique Giezendanner. Un système pervers qui arrange tout le monde, sauf les athlètes qui risquent leur vie.
La FIS ferme les yeux par calcul: prendre ses responsabilités coûterait cher. "Si elle met le nez dedans, c'est elle qui est responsable. Ça veut dire que c'est à elle d'assurer la sécurité de tous ses entraînements", souligne le Français.
L'exemple de la Formule 1, une leçon ignorée
Alexis Pinturault, triple champion du monde, rappelle une évidence: "Quand on prend l'exemple de la Formule 1, il y a eu beaucoup de décès il y a 30-40 ans. Aujourd'hui, c'est extrêmement rare." L'accident spectaculaire de Romain Grosjean, sorti indemne d'un brasier, témoigne des progrès accomplis.
"Dans notre sport, ce n'est pas le cas", déplore Pinturault. Une stagnation criminelle quand des vies sont en jeu.
Des mesures cosmétiques face à l'urgence
Face aux critiques, la FIS a annoncé un "audit détaillé" des parcours d'entraînement. Conclusions attendues en mai 2026. Encore du temps perdu, encore des risques pris avec la vie des athlètes.
Combien de Mattéo Franzoso faudra-t-il encore pleurer avant que les instances comprennent que le spectacle ne vaut pas une vie humaine? La réponse appartient à ceux qui ont le pouvoir de changer les choses, mais qui préfèrent regarder ailleurs.