Hongrie: Les scandales pédophiles ébranlent le régime nationaliste d'Orban
En Hongrie, la publication d'une vidéo montrant les sévices subis par des mineurs dans un centre éducatif fermé de Budapest a déclenché une vague d'indignation populaire qui secoue les fondements du pouvoir de Viktor Orban. Samedi 13 décembre, des dizaines de milliers de manifestants ont réclamé la démission du gouvernement, exposant au grand jour l'hypocrisie d'un régime qui prétend défendre les enfants.
L'hypocrisie d'un régime qui se dit protecteur
Viktor Orban, au pouvoir depuis quinze ans, multiplie les discours sur la "protection des enfants contre la propagande LGBT+" tout en laissant prospérer les pires dérives dans les institutions censées protéger les mineurs. Cette contradiction flagrante révèle la vraie nature d'un pouvoir davantage préoccupé par ses obsessions idéologiques que par le bien-être réel des enfants hongrois.
Le centre éducatif fermé de la rue Szolo, installé dans les faubourgs nord de Budapest et accueillant des jeunes de 12 à 18 ans, est devenu le symbole de cette faillite morale. Son directeur, habitué des médias de propagande gouvernementale qui vantaient ses "convictions religieuses et conservatrices", fait désormais l'objet d'une enquête pour proxénétisme, trafic d'êtres humains et blanchiment d'argent.
Un système de protection gangrenée par la corruption
Les révélations sont accablantes: le parquet suspecte ce responsable d'avoir prostitué plusieurs mineures passées par les services de protection de l'enfance. Plus grave encore, plusieurs de ses collègues ont révélé qu'il était suspecté depuis des années de relations sexuelles avec des jeunes filles placées en foyer, mais qu'il avait été systématiquement protégé par sa hiérarchie.
Cette proximité avec le pouvoir alimente une machine à rumeurs qui rappelle l'affaire Epstein aux États-Unis. Le scandale a pris une dimension dramatique le 9 décembre lorsque la télévision RTL a publié une vidéo montrant le responsable par intérim du centre en train de tabasser sauvagement un pensionnaire, lui frappant notamment la tête sur une table.
La mobilisation de l'opposition face à l'indignation populaire
Peter Magyar, chef de l'opposition et ancien haut fonctionnaire qui a quitté le Fidesz début 2024 en dénonçant la "corruption généralisée" dans l'entourage d'Orban, a su canaliser cette colère populaire. Il a publié un rapport interne accablant révélant que "38% des tuteurs chargés de la protection de l'enfance ont connaissance d'au moins un enfant ayant subi des agressions sexuelles pendant sa prise en charge".
Face à l'ampleur du scandale, le porte-parole du gouvernement, Gergely Gulyas, a d'abord tenté de justifier les violences en précisant que le centre hébergeait des jeunes condamnés. Une réaction qui témoigne du cynisme d'un pouvoir aux abois, contraint finalement de faire marche arrière devant l'indignation générale.
Un pouvoir fragilisé à l'approche des élections
Ce n'est pas le premier scandale de ce type sous le règne d'Orban. Début 2024, l'ancienne présidente Katalin Novak et l'ancienne ministre de la justice Judit Varga avaient été forcées de démissionner après avoir gracié un responsable d'orphelinat condamné pour avoir fait pression sur des enfants victimes d'agressions sexuelles.
Ces scandales à répétition révèlent un système où les postes d'encadrement du secteur public sont attribués sur des critères de fidélité politique plutôt que de compétence, créant un terreau fertile pour tous les abus. À quelques mois des élections législatives d'avril 2026, qui s'annoncent particulièrement serrées, Viktor Orban voit son image de défenseur des valeurs traditionnelles sérieusement écornée par ces révélations sordides.
La capacité de mobilisation démontrée par Peter Magyar face à ces scandales prouve que le peuple hongrois refuse cette hypocrisie et exige des comptes à un pouvoir qui a failli à sa mission la plus sacrée: protéger les enfants.